80 années en quelques 300 mots...
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Né à Chênée en 1861, le peintre Edgard D'HONT va connaître une carrière artistique qui fera de lui un paysagiste ensencé par la presse et les critiques. Soutenu par un public bourgeois qui a enfin accès à l'art, il sera l'un des plus gros"vendeur" wallon d'avant la première guerre mondiale, mais c'est par ses actions pragmatiques et concrètes qu'il stimulera surtout la renaissance d'une culture mosane pétrifiée depuis la fin du Moyen Age.
Plébiscité par ses pairs au poste de Secrétaire du "Cercle des Beaux-Arts" et de la "Fédération des Artistes Liégeois", il oeuvrera avec d'autres personnalités tel l'écrivain Maurice Des Ombiaux ou le plus politique Camille Destrée afin de raviver une fierté wallonne tissée d'excellence, d'originalité voire...d'indépendance.
Il sera d'ailleurs à la tête du groupe " Les CINQ" qui, en 1886, mettra sur pied à Liège la première exposition picturale moderne digne de ce nom. Le "Salon de l'Emulation" par son succès et l'innovation de ses présentations sera copié par nombre de grandes cités wallonnes.
Passionné par son existence d'artiste, Edgard D'Hont sera aussi le concepteur et le metteur en oeuvre d'événements qui imposeront le Sud du pays dans le décor culturel de la "juvénile" Belgique, dominée depuis sa création par un art flamand vieillot et la vanité d'une nouvelle capitale en bord de Senne.
L'excellence d'une région exaltée par ses eaux rebelles, ses clartés et ses ombres se retrouvera à jamais au coeur des tableaux bucoliques du "Maître de Chênée"
Asservi à sa cause et à sa terre natale, Edgard D'Hont s'épargnera toute recherche de notoriété ou d'originalité visionnaire. Il se contentera, en admirateur et protecteur d'une nature qu'il vénère, de reproduire au plus juste ce qu'il voit faisant fi de toute recréation intellectuelle. Il s'en retrouve injustement oublié de nos jours... Seule, une rue du centre de Chênée se remémore son nom...
En des années de mutation, où, ailleurs, une originalité nouvelle garantit souvent la postérité et la gloire, ce paysagiste délicat se concentrera humblement sur le respect, et ,par là, la défense d'une réalité qui se magnifie d'elle-même.
Pourtant, comme l'affirme la"Gazette de Liège" datée de 1931, quiconque a goûté à la luminescence de ses oeuvres, confronté à tout paysage mosan, ne pourra que s'exclamer: " Tiens...On dirait un D'Hont!"
(le portrait d'Edgard D'Hont en haut de page est l'oeuvre d' Alphonse Mataive, portraitiste doué s'il en est. Cette huile a été réalisée à Méry en 1895 lors d'un séjour amical en commun à la villa Crèvecoeur . Le paysagiste de Chênée est alors âgé de 34 ans. Le panneau en bois mesure 29 cm sur 21 cm; Collection privée)