Au niveau des couleurs, le travail scrupuleux du Chénéen lui impose, afin d'atteindre ses effets assourdis, d'utiliser une gamme en mineur de tons mordorés et chauds, transpercés de-ci de-là de reflets plus acides et même parfois trop crus (surtout au niveau de la représentation d'une surface herbeuse ou gazonnée). Au départ de cette matière épargnée qui, pour autant ne manque pas de fermeté, le paysagiste va parvenir sans coup férir à offrir une réelle vibration à ses tonalités. Il n'est pas rare qu'il utilise des espaces de toile à peine recouverts voire totalement nus.
Edgard D'Hont, animé par sa modeste obstination d'artisan, n'aura-t-il été qu'un des derniers témoins d'une magnificence miraculeuse vouée à la pollution et aux ordures?
Et si tout tableau du paysagiste, dans sa modestie sereine n'avait pour seule ambition que d'ouvrir nos yeux....qui souvent ne voient pas la fuite d'un monde ancien?
Et si nous prenions le temps de "retrouver " l'âme d'Edgard D'Hont et son message entièrement calfeutrés dans chacun de ses tableaux?
Alors peut-être tracerions-nous l'étroit sentier d'un avenir plus soucieux d'écologie à même la glaise représentée sur ses toiles, parmi ses bosquets, entre ses rus sauvageons, entre ses meules au dos voûté et un bouquet d'arbres pensifs...Alors peut-être errerions-nous sous un de ses ciels redevenu serein dans l'espace merveilleux qui nous est laissé par..."...la pendule d'argent qui ronronne au salon, qui dit oui, qui dit non, et puis qui nous attend..." ( Les Vieux. J. Brel)