Les deux photos ci-dessus nous montrent, à gauche, Edgard D'Hont et sa nièce dans la salle à manger de la villa des Courteaux, aujourd'hui Villa Léa, et à droite le portrait de Marguerite Vincent à l'époque où elle rencontra le paysagiste.
A soixante-six ans, le peintre connaîtra avec la poétesse au ton fleur bleue une très profonde amitié peut-être "amoureuse". A l'évidence, ces deux êtres se fréquenteront assidument durant plusieurs mois.
En 1935, Edgard D'Hont vivra un nouveau drame personnel. Sa nièce Hélène, âgée de quarante-quatre ans, décède prématurément. Ce décès va replonger le peintre dans la plus inexorable solitude. Presque tous ses proches ont disparu tandis que l'âge et la maladie lui rendent, au fil des jours, la vie de plus en plus pénible.
Désemparé, il va se tourner vers les habitants de Chênée afin d'obtenir l'aide et le secours dont il a un indispensable besoin.
Aujourd'hui aux Courteaux, face à la demeure d'Edgard D'Hont, se dressent toujours quelques maisons aux façades identiques qui dessinent un bout de rue dérisoire aux allures de coron ouvrier. En 1935, l'une de ces dernières abrite le sympathique ménage de Berthe et Fernand VANDAUL. Les Vandaul vont donc, émus par son âge , sa situation et une foi ANTOINISTE voler largement au secours du vieil homme. Dans les semaines et les mois qui suivirent le décès de l'énergique Hélène, Berthe, alerte trentenaire, avec l'assentiment de son époux, va journellement apporter le dîner et le souper à son voisin d'en face. Bien que nanti financièrement, ce dernier erre en effet dans la plus intense désolation, sans plus d'attache, bien peu d'espoir et l'absence de tout but à longue échéance.
Petit à petit, les trois voisins vont se rapprocher jusqu'à entretenir des rapports quasi familiaux. Edgard D'Hont, en vieillard étique à la santé de plus en plus fragile, seul en son immense manoir silencieux, va finalement suggérer à ses nopuveaux amis d'accepter de l'héberger chez...eux! Afin de précipiter leur accord, qu'il ignore gagné par avance, il leur propose d'aménager, à ses frais, un nouvel espace sous la terrasse de leur maison qui lui servirait de bureau et d'atelier ainsi qu'une salle de bain, luxe suprême hérité de la Belle Epoque.
Sans le moindre intérêt vénal mais ravi par sa notoriété et ses propositions, le jeune couple a déjà accepté la cohabitation avec le vieillard au caractère, il est vrai, égal et facile.
Au cours des ultimes années de vie d'Edgard D'Hont, les Vandaul multiplieront les attentions, les soutiens organisationnels et les gentillesses à l'égard du quasi octogénaire qu'ils considèrent comme un parent. L'artiste retrouvera ainsi le mince fil menant à quelques bonheurs simples et bon enfant.