La volonté et le courage de la génération artistique entourant Edgard D'Hont, face aux innombrables obstacles, forcent l'admiration. C'est grâce à leur ténacité, leur générosité mais aussi leur camaraderie qu'aujourd'hui peut-être, tout un peuple liégeois, mosan et finalement wallon, s'est réveillé et s'est offert le droit de se reconnaître un esprit qui n'appartient qu'à lui. Et ce peuple comme le titre de l'article d'Edgard D'Hont ci-dessous l'annonce, vit et se réalise désormais..." Chez nous !"
" Fondé en 1892, notre Cercle est entré dans sa dix-septième année. Sa prospérité n'a cessé d'égaler son utilité grande, car, il faut lui rendre cette justice qu'il a rudement contribué à l'élan artistique en notre importante cité industrielle où les arts plastiques occupaient une place si exiguë...Avant sa fondation, et après la chute du Cercle Artistique, mort d'inanition, les expositions d'art étaient bien peu fréquentées à Liège, et les amateurs réellement problématiques.
Nos artistes, les jeunes particulièrement, étaient à peu près ignorés, n'ayant guère l'occasion d'exhiber leurs oeuvres si ce n'était à la montre miroitante de quelques commerçants complaisants. Il me souvient du temps où le journal "La Meuse" publiait fréquemment ses critiques sous la rubrique: "l'art aux fenêtres". Pâles manifestations que nos jeunes d'aujourd'hui n'ont pas connues. Ah, mes amis, les temps étaient autrement durs alors...Pas d'émulation, pas de stimulant....Les uns s'en allaient vers des centres de cultures artistiques ( ndlr: étrangers), d'autres abandonnaient tôt la lutte et ses âpretés.
La lacune fut enfin comblée. Des artistes se réunirent une bonne fois, parvinrent à s'entendre, chose pas toujours ordinaire et le Cercle des Beaux-Arts fut fondé.
Trois expositions générales et un salon burlesque eurent lieu en la morne salle de l'Emulation, le seul local convenable, si on peut dire...L'accueil du public fut encourageant, l'institution était décisive.
En 1897, le Cercle était dans ses murs. Local modeste, mais suffisamment éclairé, inauguré le deux mai de la même année par une exposition générale réservée aux membres. Les envois furent nombreux, au point que les tableaux acceptés durent être exposés en deux fournées, en trois même, car le six juin suivant, le public était à nouveau invité à visiter l'exposition réservée aux aquarelles, pastels, dessins et architecture. Hélas!!! Les cataractes célestes bénirent trop copieusement ce salon. Il fut inondé! L'humidité des murs, récemment plâtrés, menaçait gravement les dessins et pastels, tandis que les aquarelles en plein dans leur élément, se gondolaient comme des petites folles m'a affirmé le camarade Müller. Petit à petit le local prit du ventre et si,au lieu d'avoir atteint les proportions d'un monument, il fait songer les esprits caustiques