Le jour de clôture de cette première manifestation, malgré un nombre réduit de ventes effectives, la ville de L!ège sent qu'une page vient de se tourner. Les perspectives d'avenir d'une ère nouvelle bousculent les traditions, même si, ailleurs en Europe d'autres précurseurs ont pris une avance substantielle que les Liégeois mettront plus d'un demi-siècle à grignoter. En 1887, par exemple, les magasins de la Place Verte organisent leurs "Salons de la peinture". Deux locaux entiers seront à cette occasion occupés par les oeuvres de peintres dont peu avaient ouï le nom auparavant: Marneffe, Rassenfosse, Bauès, Maréchal et D'Hont. Le "sanctuaire" liégeois de notre Région Wallonne actuelle, s'est donc très largement créé au départ de l'espérance picturale et de l'énergie de quelques artistes idéalistes , novateurs et malgré tout efficaces.... Ce déclenchement d'une éclosion artistique qui gagne toutes les villes wallonnes importantes va soutenir un sentiment plus politique d'identité...L'art initie ainsi un comportement citoyen nouveau basé sur le sentiment d'exister dans la différence...
En avril 1897, Les Cinq abandonnent l'Emulation pour occuper un nouveau local plus adapté au Boulevard de la Sauvenière à l'emplacement des futurs "Thermes", eux aussi aujourd'hui disparus.
En ce XXI ème siècle, le bâtiment de l'Emulation après transformation est devenu le "Théâtre de Liège". L'ensemble moderne a cependant gardé l'ancienne façade historique telle que l'on côtoyée Les Cinq il y a plus de cent vingt-cinq ans!
En 1892, le groupe "Les Cinq" crée un projet associatif plus large qui se pare du titre de " Cercle des Beaux-Arts" . La congrégation des artistes liégeois possèdera ainsi une première organisation réellement représentative sans intervention directe des vieux représentants politiques dépassés ainsi qu'un local de réunions et d'expositions au centre de la "Cité Ardente". Après le premier conflit mondial, les jeunes pousses politiques se rendront compte de l'absolue nécessité d'une telle infrastructure et mettront sur pied la future "Société Royale des Beaux-Arts" qui remplacera le vieux Cercle mis avec obstination sur la touche...Le terme "royal" sera offert par le roi Albert I quelques mois après la "reprise en main" de l'ancien Cercle par la nouvelle génération.
Il est plus que probable qu'un conflit de personnes rendit les années d'après-guerre assez tendues..Edgard D'Hont claqua sûrement la porte et en paya les conséquences. En effet, dans nombre de textes officiels parus ensuite, les membres du "nouveau" cercle ont tenté de falsifier l'exactitude des faits. Ils ont en effet "oublié" l' exposition initiale du groupe "Les cinq" pour ne se souvenir que de l'événement similaire bien plus tardif de 1892, inauguré par le roi Léopold II. La confusion, probablement volontaire, mêle la création du Cercle et la soi-disant exposition de novembre de la même année.Le péché "par omission" consiste à mêler les événements et à gommer ainsi leur origine exacte. Rappelons que même en 1892, le secrétaire officiel du Cercle était Edgard D'Hont. Ce dernier le restera jusqu'en 1918...Perfidie supplémentaire, lors de l'assemblée générale du 14 avril 1919, le nouveau secrétaire Arthur Snyers, "oubliera" de citer le nom de son prédécesseur et de l'inclure dans les félicitations qu'il adresse à l'association dont il prend ,à ce moment précis, une part des rennes...De plus, lors de l'officiel " Salon du Centenaire de la Société Royale des Beaux-Arts de Liège" en 1933 intitulé "Le visage de Liège", alors que TOUS les artistes récents et anciens sont représentés...Edgard D'Hont n'occupera aucun espace aux cimaises...S'agit-il d'une vengeance ou d'une bouderie de la part de l'artiste? Les témoins ont disparu et se taisent à jamais. Qu'importe puisque le Cercle aux dénominations diverses et successives continuera son oeuvre de soutien effectif aux artistes...
Malgré les vicissitudes et rivalités, Le Cercle Royal des Beaux-Arts existe toujours de nos jours en ses locaux rue Soeurs de Hasque.
La vie culturelle de la ville de Liège, oublieuse, a sans doute totalement oublié plus qu'un groupuscule méconnu formé par cinq artistes courageux lui a donné ses premières et incontestables lettres de noblesse à l'orée d'un vingtième siècle fertile en événements....
Puisse ce site le lui rappeler!