C'est confortablement installé au sommet du rocher du Chéret, qu'Edgard D'Hont réalise en 1935 un tableautin ( 26cm sur21cm) qu'il intitulera dans une première intention:" Printemps à Embourg". Il en modifiera ensuite le titre en "Vallon" lors de l'exposition annuelle du Cercle des Beaux-Arts de Liège. Le lieu d'observation qu'il choisit surplombe l'abrupte vallée. La vue qu'il dispense permet d'apercevoir au sommet d'un coteau faisant face au château de Colonster, la "ferme de Langle", baptisée à tort "de l'Ancre" sous l'Ancien Régime. Le tableau est issu d'une collection privée.
Pour l'anecdote, la ferme-château fut, de 1898 à 1910, louée à Caroline MALINOWSKI, femme de lettres appréciée à l'époque et parfois mieux connue sous le pseudonyme d'Etienne Marcel. L'écrivaine, dans un style désuet proche de celui de la Comtesse de Ségur rédigera de nombreux romans destinés à une jeunesse en robe à volants!
Malgré la relative renommée de l'endroit, le tableau du paysagiste, de très petite taille, tend plus à montrer la verdeur du réveil de la nature au printemps que de décrire les murailles qui s'y cachent. Même le ciel de giboulées, bleu et gris, tend à faire oublier un bâtiment à peine esquissé. Cette oeuvre, nonobstant sa discrétion semble parfaitement représentative des meilleurs aspects du talent du paysagiste. Elle sera d'ailleurs mise en exergue par de nombreux articles de journaux et deviendra la "peinture dont on parle" de l'année 35....
Dans un numéro de "L'Express", journal belge de l'époque, le critique proposé à l'analyse des tableaux des salles d'exposition, le décrit comme suit:
"A force de patience studieuse et scrutatrice, Edgard D'Hont a acquis une virtuosité qui sait unir à l'occasion l'ampleur à la délicatesse. Parmi ces pages bucoliques il est des morceaux remarquablement exécutés et substantiels dans la modestie de leurs dimensions. Il y a dans le minuscule panneau intitulé "Le vallon" une grandeur et un souffle naturiste qu'on chercherait en vain dans les toiles plus ambitieuses. Ce morceau reflète un consciencieux vouloir d'interprétation. Le peintre y marque son goût de la construction bien établie mais il ajoute, dans l'accord des valeurs, dans la tonalité des atmosphères, son souci conscient d'harmoniste, d'art et sérénité, d'optimisme et de bel équilibre moral. L'artiste y est arrivé en creusant paisiblement son sillon, en étudiant, sans se lasser, le miracle de la nature et de la lumière.
Ci-dessous est reproduite une carte postale datée de l'année 1906. La photo contemporaine à sa droite prise à l'endroit précis où se plaça le paysagiste prouve que l'environnement a peu changé au cours des décennies même si elle démontre les regrets qu'amène parfois l'exploitation moderne des ressources naturelles.