Un chaland COTE DES FORGES

Au cours de l'un de ses séjours à la villa "Crèvecoeur" de Méry, Edgard D'Hont va profiter de la ligne de train joignant son havre de villégiature au lieu-dit "Pied de la Côte" afin de réaliser un travail en trois phases: le dessin exploratoire et l'huile sur site et enfin, probablement plus tard et à l'abri, l'aquarelle représentée ci-dessus. Ces trois oeuvres appartiennent à la même collection privée. Elles sont uniques et d'un grand intérêt car elles offrent l'opportunité de montrer les trois approches classiques dans le travail du peintre.

Ces tableaux reproduisent d'un même point de vue une exploitation agricole répondant de nos jours au nom de " Ferme Rollin". A la fin du Moyen Age, l'endroit se nomme :" Le Mosbeux", terme qui, en vieil allemand, signifie "ruisseau marécageux". Dès 1453, un document de justice y dénonce déjà la présence d'une ferme, de sa forge et son bas-fourneau. Le tout appartient à la noble famille " de Gomzé" dont le château se dresse à quelques encablures.

Voici ci-dessus les trois réalisations en enfilade. A gauche le dessin relevé de quelques timides colorations, à droite l'aquarelle aux couleurs somptueuses et au travail de l'eau et des pigments délicat et enfin, au centre l'huile. Cette dernière, de grande dimension, perd malheureusement de son relief mais garde une qualité acceptable.Ci-dessous le cliché contemporain prouve la persistance d'un architecture de toit assez originale qui a sûrement séduit ou intrigué l'artiste.

Fait exceptionnel, le sous-sol de l'endroit recèle un minerais supérieur appelé "MEDECIN". Mélangé à une qualité de fer bas de gamme, il permet d'en améliorer, et la résistance, et la qualité...à bas prix!

En 1761, confrontée à la décision officielle de tracer la célèbre route de la "Côte " en lieu et place du "vulgaire" sentier existant, la Comtesse de Gomzé, craignant des dévalements excessifs d'eau de pluie sur ses possessions, réalise un plan, détaillé de ses biens destiné à soutenir ses protestations. Ce tracé simpliste dévoile la persistance à l'époque de la forge ancestrale du Moyen Age concurrencée néanmoins par une "consoeur" du même type établie juste en face d'elle....de l'autre côté du chemin.

Le lieu semble avoir largement intéressé Edgard D'hont juqu'à le pousser à multiplier les vues de cette ferme toujours en activité de nos jours. Le même petit toit pentu est ici croqué dans un autre sens. Toutes ces oeuvres nous donnent une vision parfaite de ce petit coin au pied de la côte dans les premières années du vingtième siècle. Ce travail a été proposé à la vente en septembre 2024 en la maison des "Ventes Elysée".

Ces deux établissements serviront à dénommer de façon définitive les lieux. Désormais ce tronçon de route s'appellera la " Côte des Forges". On y fabriquera pendant des décennies des canons de fusil ouvragés, véritables oeuvres d'art, destinés aux riches et aux souverains soucieux de "s'armer" de façon ostentatoire.Ci-contre le plan du lieu dessiné par la comtesse, la ferme et sa forge se situent en bas du document. La maison "B" cache la forge rivale. (document Jacky ADAM)

Edgard D'Hont ,de son côté, se passionnera surtout pour l'arrière du bâtiment. Il réalisera ainsi l'un de ses plus imposants tableaux à contrario de ses habitudes plus asservies à de petites surfaces.

De nos jours, bien qu'endormie, la ferme a peu changé. Il demeure aisément possible de retrouver la grange au toit pentu tandis que les roucoulements du Ry de Mosbeux stigmatisent encore une quiétude que perturbe la circulation automobile actuelle et parfois les cyclistes professionnels lancés annuellement sur les routes entre Bastogne et Liège.

La photo ci-contre nous montre les signatures au bas de la missive de protestation de la comtesse de Gomzé (document Jacky Adam)

Les deux photos ci-dessous nous montrent le bas de la côte à différents moments de son histoire. On y découvre en permanence, bien sûr, la ferme Rollin.

L'huile ci-contre est intitulée :" Environs de Gomzé". Elle mesure 28cm sur 38cm et appartient à une collection privée.

La maison représentée à la gauche du tableau a disparu. Il faut la situer aux environs du parcours de golf actuel non loin du château ayant appartenu, il y a plus de trois siècles, à la comtesse de Gomzé. Quant à la route en terre, notre modernité l'a bien entendu macadamisée au prix de quelques arbres.

L'huile sur toile ci-dessus est simplement baptisée par son auteur :"Gomzé. L'étang". Cette économie descriptive est largement compensée par la luxuriance typique des tons et de la touche, ici assez grasse et ample, d'Edgard D'Hont...Ci -contre une vieille carte postale illustre le lieu toujours fréquenté de nos jours par les promeneurs et les amis de la beauté naturelle de notre Wallonie.